Le traversier Chi-Cheemaun, l’été 1967 et des machines aléatoires françaises perfectionnées sont trois facteurs qui semblent n’avoir aucun rapport les uns avec les autres, mais qui sont tous liés à l’histoire remarquable de la loterie perdue de l’Ontario : WINTARIO! Contrairement à beaucoup de loteries de nos jours, WINTARIO était un spectacle éblouissant. Il y avait des tirages télévisés en direct et des visites des personnages des collectivités de l’Ontario, de St. Clements à Tobermory (un des ports d’escale du Chi-Cheemaun, le tout animé par une liste de célébrités populaires du jour. (Vous en apprendrez plus à ce sujet!) Pourquoi pas? Il s’agissait après tout de la première loterie établie dans notre province.
Voici comment cela est arrivé.
1969 : L’été du… jeu
Alors que les esprits libres partout vivent un bon moment, le gouvernement fédéral renonce à son interdiction nationale du jeu (à l’exception des mises sur les courses de chevaux). Jusque-là, le « Code criminel » du Canada considérait illégaux les casinos et les loteries, ce qui avait poussé les activités de jeu dans la clandestinité. Grâce à la modification du Code en 1969, les provinces seraient autorisées à établir leurs propres lois sur le jeu et à réglementer leurs propres activités de jeu, y compris les loteries. Trop cool!
Début des années 70 : WINTARIO voit le jour
Suite aux changements apportés au « Code criminel », le gouvernement de l’Ontario voit une occasion d’établir une loterie afin de l’aider à recueillir des fonds pour les collectivités de l’ensemble de la province. Dans un coup de génie qui retentira pendant des décennies, un maître anonyme du marketing a combiné « win » (gagner) et « Ontario » pour créer WINTARIO.
De manière à aider à la création de la loterie et à veiller à ce que le jeu soit juste et irréprochable, l’Ontario se tourne vers la France, qui était alors la référence absolue en matière de machines aléatoires pour la loterie : le boulier Ryo Catteau, célèbre mondialement. La Catteau faisait tourner 49 boules numérotées ayant précisément le même poids; elles tombaient à travers une trappe brevetée, ce qui assurait une sélection aléatoire. Ces machines permettaient de garantir que chaque numéro avait les mêmes probabilités de gagner chaque fois. Égalité pour tous!
1975 : En direct du Centre des sciences de l’Ontario, le premier tirage de WINTARIO!
Une fois le matériel en place, WINTARIO tient son premier tirage en direct au Centre des sciences de l’Ontario, relativement nouveau. D’Arva à Ancaster, les Ontariens écoutent le tirage, billet en main, espérant voir leurs numéros annoncés pendant que les 49 boules rebondissent dans le boulier Ryo Catteau. Le tirage est animé par le présentateur de nouvelles et animateur de l’émission Front Page Challenge de la CBC, Fred Davis, célèbre à l’époque, et par l’ouvrier agricole devenu incontournable de l’émission Hee Haw, Charlie Farquharson, un personnage créé par l’acteur canadien Don Harron. (Nous vous avions dit qu’il y aurait des célébrités!)
1975 à 1990 : La loterie à l’échelle locale
Au cours des 15 prochaines années, les tirages de WINTARIO sont diffusés en direct à partir de pratiquement n’importe quelle ville ou n’importe quel village assez grand pour avoir un gymnase d’école, une salle communautaire ou… un traversier. En 1984, un tirage est diffusé à partir des ponts du MS Chi-Cheemaun pendant qu’il navigue de Tobermory, au sommet de la péninsule Bruce, jusqu’à South Baymouth sur l’île Manitoulin. Des tirages ont aussi eu lieu dans des granges, des concours de labour, des concours de violoneux…
4 janvier 1990 : Le dernier tirage
Un soir froid de janvier à Sault Ste. Marie, WINTARIO tire son dernier numéro. Au fil des ans, la loterie a tenu 647 tirages individuels dans des collectivités de l’ensemble de la province. Pour ceux qui sont assez vieux pour s’en rappeler, il ne s’agit pas de la fin des tirages de loterie en direct dans la province. Une nouvelle émission, Ontario Lottery Live, a été lancée peu après. WINTARIO a aussi inspiré la création de loteries provinciales, comme LOTTARIO, et de loteries nationales, comme LOTTO 6/49. Une révolution ontarienne du hasard avait vu le jour.
Voilà : c’est la longue histoire locale de la loterie en Ontario telle qu’elle existait jadis. Depuis, les loteries ont beaucoup changé. Le caractère aléatoire des tirages, lui, n’a pas changé peu importe la méthode. C’est pourquoi il est utile de garder l’esprit ouvert, de garder l’œil sur le divertissement et de savoir que tous les numéros ont les mêmes probabilités d’être sélectionnés, que vous jouiez toujours vos numéros préférés ou que vous aimiez en utiliser des différents. Tout repose sur le plaisir de la chance.
Vous voulez en savoir plus sur la façon dont les loteries fonctionnent? Lisez notre publication sur les probabilités à la loterie maintenant.
