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Rome et les casinos

Le crime ne paie jamais. Dans la Rome antique, si vous étiez pris à jouer (ce qui était illégal), cela ne payait pas, à 4 pour 1. C’était l’amende typique imposée par l’État pour une condamnation pour jeu. Une mise de 100 deniers (une ancienne monnaie romaine) entraînait donc une amende de 400 deniers, et ainsi de suite. C’est un peu comme une manifestation ancienne de l’expression « la maison gagne toujours ». Bien sûr, cette sanction n’était pas la pire que l’État romain pouvait infliger (c’était certainement mieux qu’être jeté en pâture aux lions ou devoir affronter un gladiateur), mais cela rendait considérables les enjeux du jeu.

Le jeu : une honte pour nous tous!

On ne sait pas exactement pourquoi les Romains ont initialement banni le jeu. Des écrits historiques font allusion au fait que les différends liés au jeu entraînaient des disputes, des émeutes et une détérioration sociale en général. Peu importe la raison, cette opposition au jeu a duré assez longtemps, soit de la période de la République romaine (de 510 à 27 av. J.-C.) jusqu’à la fin de la période impériale (de 27 av. J.-C à 476 ap. J.-C.), c’est-à-dire près de 1 000 ans. Il y avait cependant une exception notable.

Une parenthèse sur les Saturnales

Il s’avère que le jeu était permis en Rome antique un jour par année : celui des Saturnales, une célébration du dieu Saturne et un prédécesseur de Noël. La célébration des Saturnales renversait les normes sociales. Les esclaves se régalaient au bout de la table, l’ivresse publique était célébrée et, pendant quelques brefs instants, le jeu était permis. Le reste de l’année? Pas de chance ou, comme on dit : « No dice! » 

Des jetons de jeu? Si!

Malgré tous leurs efforts, les autorités romaines n’ont jamais été capables d’éradiquer complètement le jeu illégal en raison d’une invention si ingénieuse qu’elle est toujours utilisée aujourd’hui : les jetons. Probablement faits d’argile – puisque les métaux étaient extrêmement précieux à l’époque, les jetons permettaient d’échapper à la justice. En l’absence de tout denier ou sesterce, toute personne qui se faisait prendre n’avait qu’à dire qu’elle jouait à un simple jeu sans véritable enjeu. Qui causerait une émeute pour une partie de dés amicale? 

En plus de fonctionner, cette tactique astucieuse a contribué à répandre l’amour du jeu et à le populariser dans toute l’Italie actuelle et au-delà. 

À titre d’exemple, avançons de quelques centaines d’années jusqu’en 1638. Cette année-là, le premier casino légal au monde a été établi dans le Nord, au palais Dandolo de Venise, près de l’église Saint-Moïse. Si! Mais une autre centaine d’années plus tard, ce même établissement sera déclaré illégal et fermé par le Grand Conseil de Venise, en 1774. Nooon! Peut-être que les joueurs n’utilisaient pas de jetons? On ne le saura jamais.

Remerciez un Romain

Peu importe, la prochaine fois que vous vous assoyez à une table à votre casino local, regardez les piles de jetons devant vous et remerciez un Romain pour tout le plaisir que vous avez. Lubentium! (« à la vôtre! », en latin).

Bien que les jetons de casino aient été inventés il y a plus de 2 500 ans, il y a encore beaucoup de jeux sur table qui reposent sur leur usage aujourd’hui. Pour savoir comment y jouer, cliquez ici.